Une armée qui n’est pas bien informée ne fera que piètre figure sur le champ de bataille même si le gouvernement dépense énormément pour lui mettre à disposition des équipements.
Comme toute organisation soit-elle civile ou militaire, son efficacité dépend en grande partie de la disponibilité, de la qualité et de la fiabilité des informations qu’elle a. L’information est pour les organisations ce qui les alimentent et déclenchent leurs réactions, tout comme les hormones et les composantes du sang déterminent la façon dont l’organisme animal fonctionne et même lutte contre les menaces que constituent les agents ou facteurs pathogènes.
De même, les renseignements sont des informations nécessaires à toute armée et à tout gouvernement engagé dans une action quelconque visant à combattre ou à contrer une menace.
Dans le fonctionnement des renseignements, il y a certain nombre de processus dont la collecte, l’analyse, la diffusion, la sécurité ou la confidentialité de l’information. Ces différents processus et leur efficacité conditionnent grandement le succès dans la planification, l’operation et le déroulement tactique de la guerre.
L’expertise dont le Bénin a besoin le plus actuellement dans sa lutte contre le djihadisme est la collecte de renseignements par l’infiltration et la surveillance, l’analyse, le partage et la sécurisation des informations sur ces groupes armés.
La collecte des informations sur les mouvements des groupes armés peut se faire par plusieurs moyens. Des agents de l’armée et de la police dissimulés dans les populations ou des populations recrutées pour donner des renseignements sur les mouvements de ces groupes armés constituent un actif important.
Un autre moyen de collecte des renseignements est la surveillance numériques qui comprend aussi bien celle des communications téléphoniques que celle sur les réseaux sociaux. Les groupes armés se servent des moyens de communication pour passer des instructions et des mots d’ordre. Il est également possible de tracer les mouvements d’un militant djihadiste grâce à ses activités sur les réseaux sociaux ou ses communications téléphoniques.
La surveillance satellitaire ou par drone est encore une autre dimension de la guerre de l’information qui permet de suivre en direct les mouvements et les regroupements des bandes terroristes. Les informations transmises par les satellites sont utilisées pour frapper très rapidement avec des armes de précision. Pour ces frappes, il est possible de cibler de loin en utilisant une drone, un avion de chasse ou un hélicoptère, un missile sol-sol.
En ce qui concerne l’analyse de l’information, les services de renseignements doivent disposer de personnel compétent ayant une connaissance approfondie non seulement des aspects militaires mais aussi de la géographie et de l’histoire des zones d’activités des djihadistes.
À ce niveau, il est important pour les stratèges militaires de connaître la sociologie, la culture, les interdits, les mythes, etc… des terrains géographiques des d’opérations menées par les terroristes. Il est peut-être important aussi de connaître les groupes ethniques qui sont les plus perméables aux idées des djihadistes et ceux qui sont susceptibles de leurs résister. La bonne compréhension des rapports entre les groupes socio-culturels au sein des zones d’activités des djihadistes est un facteur essentiel dans la réussite de la lutte.
S’agissant de la diffusion de l’information, elle doit se faire à travers un langage codé et un canal sécurisé qui garantissent sa totale confidentialité. Une information dont le contenu est compromis où est mis à la disposition des forces ennemies devient nuisible.
Les groupes terroristes ont peut-être moins de moyens que les États mais il ne faut pas ignorer le fait que ces groupes ne peuvent véritablement exister ou fonctionner que s’ils disposent de soutiens d’États ou d’organisations puissants. Au Mali, par exemple, le gouvernement accuse la France d’apporter un soutien aux terroristes en termes de renseignements en leur mettant à disposition les données sur les positions géographiques de l’armée malienne. Pour le Bénin, il est important que ces considérations ne soient pas ignorées. C’est d’une nécessité que le choix des pays ou États alliés dans cette guerre soient véritablement fiables.
En cela, le choix du Rwanda est un avantage. Le Rwanda dise certainement d’une expertise en matière de renseignements militaires. L’armée rwandaise est habituée à la surveillance de ses frontières avec des pays voisins où la violence est endémique. De plus, il n’existe pas entre les deux pays un rapport de domination. Ils peuvent dès lors asseoir un partenariat décomplexé et efficace dans cette lutte contre la menace terroriste.
Par conséquent, il est à espérer que le commandement militaire béninois puisse tirer le maximum de cette coopération car pour la réussite de la guerre contre les groupes armés, il urge que le facteur renseignement soit intégré dans la grande stratégie de l’armée béninoise.