20 septembre, 2024
<strong>La guerre : une nécessité morale ou une bestialité non assumée ? – Seconde partie </strong>

Synopsis : dans la première partie de cette série de publications sur la métaphysique de la guerre, laquelle est destinée à s’interroger sur les origines de la guerre dans la nature humaine, a été évoquée la thèse de la guerre comme instrument du progrès civilisationnel. Dans cette seconde publication de la même série, est abordée la question de la guerre comme étant un échec des valeurs humaines.

Si contrairement à la théorie hégélienne de l’histoire, de par leur nature, les humains ne peuvent s’accomplir ni individuellement ni collectivement ni spirituellement ni matériellement à travers les conflits et que la perpétuation des antagonismes entre peuples, nations ou États risque d’aboutir à une auto-annihilation de la race et de toutes les autres espèces pourquoi continuer dans cette illusion qui consiste à croire que le but de l’histoire s’accomplit par la guerre? En effet, notre conscience elle-même quand elle voit l’échelle des destructions de vies et de biens que cause la guerre ne peut accepter que la guerre soit considérée comme un moyen détourné par lequel le progrès humain s’accomplit.

Immanuel Kant (1724-1804) un autre philosophe allemand qui, tout comme Hegel, naquit au dix-huitième siècle et décéda au dix-neuvième siècle. Sur le sujet de la guerre, il eut une vue tout à fait à l’opposé de celle de Hegel. Il croyait que les guerres étaient moralement injustifiables et qu’elles violaient les principes fondamentaux de la dignité humaine et du respect. Dans son essai “La paix perpétuelle” Kant dit : « La guerre est toujours le plus grand mal qui puisse affliger l’humanité. Elle détruit la religion, elle détruit les États, elle détruit les familles. Tout fléau lui est préférable. »

Il a argué que la guerre était fondamentalement incompatible avec l’objectif de créer une société juste. « Toutes les guerres sont entreprises dans le but d’améliorer sa propre condition. Mais ce but ne peut jamais être atteint par la guerre, puisque les moyens d’y parvenir, à savoir l’assujettissement de l’ennemi, sont toujours destructeurs de la même condition. » (Métaphysique de la morale) Soutenant que les guerres sont finalement futiles puisqu’elles ne conduisent pas à des améliorations durables dans la société, il plaide pour un ordre mondial qui élimine la possibilité de guerre.

Selon Kant, la guerre était le produit des passions humaines et de l’égoïsme, plutôt que de la raison et de la moralité. Il croyait que les gens devaient cultiver un sens de la justice et du respect des droits d’autrui afin d’éviter les conflits et de créer une société pacifique. Kant a également soutenu que la guerre était un moyen autodestructeur de résoudre les différends, car elle conduisait souvent à de nouvelles violences et souffrances.

Malgré son opposition à la guerre, Kant a reconnu qu’il y avait certaines circonstances où la guerre pouvait être nécessaire, comme dans les cas de légitime défense ou pour protéger les droits d’autrui. Dans de telles situations, Kant croyait que la guerre devait être menée de manière juste et proportionnée, avec un objectif clair de paix et de réconciliation.

Dans l’ensemble, la philosophie de Kant sur les guerres peut être résumée comme une croyance en l’importance de la paix, de la justice et du respect de la dignité humaine, et une reconnaissance des choix moraux complexes et difficiles qui sont impliqués dans la résolution des conflits entre les individus et les nations.

En somme, chez les humains, il n’y a aucun but qui soit assigné à la violence en dehors du fait d’assurer leur survie face aux dangers et aux menaces. La guerre est donc plus le triomphe de la bestialité que celui de l’humanité. Malgré la tendance à la glorification de la guerre, ses héros ne servent aucune cause au-delà de celle de l’instinct de survie hérité des ancêtres communs aux animaux et aux humains. Par conséquent, la violence et la guerre n’ont  pas un rôle de moteur de l’histoire. Si les hommes veulent transcender leur animalité et accéder à un plus grand niveau de conscience de leur appartenance à une destinée universelle commune à l’humanité, ils doivent renoncer à la violence et rechercher dans la rationalité les chemins de la paix et de la coexistence pacifique. Toutefois, la glorification de la guerre occulte seulement le fait que son seul but est la survie du clan face aux dangers. L’auteur et journaliste américain Ernest Hemingway disait ceci au sujet de l’échec de l’humanisme que constitue la guerre : « Ne pensez jamais que la guerre, aussi nécessaire soit-elle, n’est pas un crime. »

Auteur de l'article :


Alfred Cossi CHODATON
alf2chod@gmail.com Diplômé en sciences et technologies de l'information documentaire, il est un écrivain et analyste indépendant.

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