20 septembre, 2024
Le contrôle des naissances est-il la voie vers le développement économique?

Synopsis : bien que le contrôle des naissances soit souvent évoqué par les économistes et les acteurs publics comme instrument de développement macroéconomique, historiquement ce n’est pas la diminution de la population qui entraîne le développement. C’est plutôt le développement économique qui cause la baisse du taux de natalité. Par exemple, la Chine a jeté les bases de son développement économique entre 1949 et 1970. C’est à partir de 1979 qu’elle a lancé sa politique de contrôle des naissances. Mais avant ça, elle avait déjà surtout procédé à la redistribution des terres et à la nationalisation de son économie. Alors peut-on sérieusement espérer le développement économique en Afrique en se fondant sur le contrôle des naissances quand les facteurs de production demeurent inégalement réparties, parfois contrôlés par des multinationales qui ont une collision d’intérêts avec l’élite politique et économique du pays ? Enfin, la  baisse du taux de natalité provoque d’énormes dépenses sociales dues au vieillissement de la population. Faut-il que l’Afrique suive le pas des pays développés ?

MALTHUSIANISME

Le capitalisme malthusien se fonde sur le fait que, le rythme de la croissance de la population étant plus accéléré que celui de la production de la richesse, il est nécessaire de contrôler les naissances pour donner une chance au développement économique. Un trop fort taux de natalité a tendance à mettre de pression sur les ressources du pays destinées à la construction des infrastructures (écoles, centres de santé, route, etc…) et à la création d’emplois.Mais cette théorie macroéconomique contient en elle-même sa contradiction. La crise actuelle du capitalisme que ce soit aux États-Unis d’Amérique, en Europe, en Chine ou en Russie est une crise démographique due au vieillissement de la population. 

DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET BAISSE DE NATALITÉ

Ce vieillissement s’explique par plusieurs facteurs. Toutefois, de façon générale, le déclin de la population ne vient pas d’une politique publique se fixant un tel objectif. Empiriquement, la croissance économique entraîne une amélioration du niveau de vie des populations y compris des femmes qui ont pour la plupart des emplois ou des sources de revenus qui les obligent à faire moins d’enfants. 

IMMAGRATION COMME RECOURS CONTRE LA BAISSE DE NATALITÉ

Si les pays occidentaux qui souffrent de vieillissement de leur population du fait de la réduction drastique des naissances sur des décennies arrivent à trouver de la force de travail, des consommateurs des produits manufacturés et des services et des cotisants pour soutenir leurs régimes de sécurité sociale, c’est grâce à l’immigration alimentée essentiellement par des courants migratoires venus de l’Amérique latine pour les États-Unis d’Amérique et de l’Afrique et du Moyen et Proche Orient pour l’Europe. 

CAS DES ETATS-UNIS D’AMÉRIQUE 

Aux États-Unis d’Amérique, l’immigration a été et continue d’être un contributeur majeur à la structure démographique du pays. Selon le US Census Bureau, les immigrants et leurs enfants nés aux États-Unis ont représenté 84% de la croissance démographique du pays entre 2010 et 2020. Les immigrants jouent un rôle important dans la résolution des problèmes démographiques auxquels sont confrontés les États-Unis, tels que le vieillissement de la population et la baisse du taux de natalité. Comme les immigrants ont tendance à être plus jeunes que la population née dans le pays, ils aident à compenser le déclin de la population et contribuer à la croissance économique.

CAS DE L’ALLEMAGNE 

S’agissant de l’Europe, l’immigration a largement contribué, par exemple, à la démographie de l’Allemagne au cours des dernières décennies. Depuis les années 1950, l’Allemagne est une destination pour les immigrants, en particulier en provenance de Turquie et d’autres pays du sud et de l’est de l’Europe. Selon l’Office fédéral de la statistique, en 2020, le nombre de personnes issues de l’immigration en Allemagne était d’environ 21,2 millions, ce qui représente environ 26 % de la population totale. Qu’en sera-t-il de l’Occident quand les pays du Sud aussi vont voir leurs populations baisser drastiquement ?

LA POLITIQUE DE L’ENFANT UNIQUE EN CHINE

La Chine, quant à elle, est le seul exemple de pays qui a opté pour un contrôle actif des naissances. La politique chinoise de contrôle des naissances, également connue sous le nom de “politique de l’enfant unique”, était une politique de contrôle de la population mise en œuvre en Chine de 1979 à 2015. Cette politique a été conçue pour limiter la croissance de la population chinoise en expansion rapide, qui était considérée comme un potentiel.  frein au développement économique du pays. En vertu de cette politique, les couples n’étaient généralement autorisés à avoir qu’un seul enfant, à quelques exceptions près pour les familles rurales, les minorités ethniques et d’autres circonstances particulières. Ceux qui enfreignaient à cette politique s’exposaient à des amendes, à la perte d’emploi et à d’autres sanctions.

CONSÉQUENCES DE LA POLITIQUE DE L’ENFANT UNIQUE  

Mais aujourd’hui, la Chine est confrontée à une crise démographique causant notamment un vieillissement rapide de la population, une main-d’œuvre en diminution et un déséquilibre entre les sexes. L’un des principaux facteurs contribuant à cette crise est la “politique de l’enfant unique” de la Chine, qui a été en vigueur de 1979 à 2015 et a eu pour effet de réduire le taux de natalité du pays. En conséquence, la population chinoise vieillit rapidement, avec une forte proportion de citoyens âgés et une proportion relativement faible de jeunes.

REMISE EN CAUSE DE LA POLITIQUE DE L’ENFANT UNIQUE

En 2015, le gouvernement chinois a annoncé qu’il supprimerait progressivement la politique de l’enfant unique et permettrait aux couples d’avoir deux enfants. Cette décision a été motivée par les inquiétudes suscitées par le vieillissement de la population et la diminution de la main-d’œuvre, ainsi que par la pression croissante du public pour réformer la politique. Cependant, certains experts ont fait valoir que le passage à une politique des deux enfants pourrait ne pas être suffisant pour relever les défis démographiques auxquels la Chine est confrontée à long terme.

IMPACTS DE LA BAISSE DE NATALITÉ SUR LES RÉGIMES DE SÉCURITÉ SOCIALE

Mais aujourd’hui, cette politique cause une pression énorme sur les pouvoirs publics en ce qui concerne les dépenses sociales. Si l’on considère l’âge de la retraite pour les hommes et les femmes en Chine, qui est actuellement de 60 et 55 ans respectivement, le taux de retraite devrait augmenter dans les années à venir en raison du vieillissement de la population chinoise. Selon le Bureau national des statistiques de Chine, la proportion de la population âgée de 60 ans et plus était de 18,7 % en 2020, contre 10,5 % en 2000. D’ici 2050, il est prévu que près de 40 % de la population sera âgée de 60 ans.  ou par-dessus. Il est donc probable que le taux de retraités en Chine continuera d’augmenter dans les années à venir. La réforme des retraites pour rallonger l’âge d’accès à la pension de retraite est l’une des solutions. En France, Emmanuel Macron ne s’en sort que très difficilement au sujet de la réforme des retraites.

Mais cette réforme ne résout pas fondamentalement le problème de l’équilibre entre la croissance démographique et celle de l’économie.

DIFFICULTÉS DU CONTRÔLE DES NAISSANCES EN AFRIQUE

Toutefois, le malthusianisme en Afrique risque d’entraîner plus de problèmes qu’il en résolve. Beaucoup d’enfants peuvent ne jamais être déclarés ou souffrir de discrimination à cause des ces mesures. 
Par ailleurs, puisque la majorité de la population est dans l’économie informelle, comment avoir des mesures incitatives ou coercitives qui puissent les amener à changer de comportement en matière de procréation ? Comment les pouvoirs publics vont pouvoir agir sur leurs revenus ? Le contrôle des naissances en Chine à partir de la fin des années 70 a certes fait baisser le taux de natalité de la population mais n’est pas fondamentalement le facteur qui a propulsé la Chine vers l’essor économique. Entre 1949 et 1970, la Chine avait déjà connu un changement radical caractérisé essentiellement par la lutte contre le féodalisme, la redistribution des terres agricoles aux paysans et la nationalisation des secteurs bancaires, du transport et de la communication. Mais aujourd’hui, plus qu’aux années des indépendances, l’Afrique est caractérisée par une trop grande inégalité dans la répartition des richesses, une trop grande dépendance économique et même politique de l’extérieur à travers multinationales et l’ingérence permanente des anciennes puissances coloniales

Auteur de l'article :


Alfred Cossi CHODATON
alf2chod@gmail.com Diplômé en sciences et technologies de l'information documentaire, il est un écrivain et analyste indépendant.

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