Avec l’assassinat du général Iranien Qassem Soleimani, le vendredi 3 janvier par un drone américain en Irak, la possibilité d’une nouvelle Guerre du Golfe devient plus précise. Mais comment peut se dérouler une telle guerre et quelles peuvent être ses conséquences ? Cette nouvelle Guerre du Golfe sera certainement différente des deux autres que nous avons connues et ont été menées par les USA contre Saddam Hussein.
Dans les deux premiers cas, les dirigeants américains avaient réussi à former une coalition plus ou moins large même si au cours de la Seconde Guerre du Golfe, les alliées désireuses de participer à l’aventure étaient moins nombreuses. Au cours de la Première Guerre du Golfe qui a duré du 2 août 1990 au 28 février 1991, trente-quatre pays regroupant près de 940 000 hommes, sous commandement américain ont combattu contre l’armée irakienne. Mais, la Seconde Guerre du Golfe a rassemblé contre l’Irak seule la coalition anglo-américaine à partir du 19 mars 2003. George Walker Bush déclara la fin des combats le 15 avril 2003, même si les USA auront à faire face après à une longue insurrection armée.
Mais dans le cas d’une troisième Guerre du Golfe, les forces américaines seront seules face à l’Iran et ses alliées dans la région. L’Arabie Saoudite, les Émirats du Golfe et les autres pays de l’OTAN en Europe ne semblent pas être dans une logique d’escalade de la violence.
En dehors du nombre des alliées qui ne sera plus important, il y a la nature du régime que Washington veut combattre. Le régime iranien est une démocratie théocratique. Bien qu’il y ait des dissidents au régime, il sera difficile au régime successeur d’avoir une quelconque légitimité. Le régime ne se repose pas sur un dictateur comme Saddam Hussein même s’il y a le guide suprême qui prend les décisions les plus importantes. Le cas irakien nous montre certes qu’il n’est pas important de remplacer le régime par un autre qui arrive à assurer la stabilité et la paix dans le pays. L’objectif principal des USA est d’étendre le chaos dans le Moyen Orient. Toutefois, même si les Américains arrivent à un installer un gouvernement qui leur est redevable, il ne pourra gouverner que pour quelques semaines.
En effet, sur le plan militaire, les Iraniens éviteront systématiquement les affrontements directs. Mais les forces américaines auront à faire face à une guérilla urbaine qui sera plus intense et plus spectaculaire qu’en Irak et en Afghanistan. L’Iran a acquis une résilience dans l’art de la guerre aussi bien au cours de la guerre Iran/Irak (1980-1988) qu’au cours de la guerre plus récente contre le DAESH en Irak et en Syrie. La perspective d’une défaite cuisante à la vietnamienne pour les Américains est fort plausible ici. De plus, les alliées de l’Iran dans la région au Liban, en Syrie et au Yémen vont aussi se joindre au conflit. Quant aux Russes et Chinois, il est peu probable qu’ils veulent se joindre au conflit à cause du risque d’une troisième Guerre Mondiale qui sera certainement la dernière de l’humanité parce que la puissance nucléaire des protagonistes ne laissera aucune chance au reste de l’humanité.
Mais même s’ils ne prennent pas une part directe au conflit, les Russes et les Chinois feront tout pour que la résistance iranienne à l’invasion dure et ne s’arrête pas. La résistance iranienne bénéficiera de livraison d’armes pour tenir bon. Washington, s’il arrive à supporter une autre longue guerre comme en Afghanistan, sera suffisamment occupé pour continuer à contrecarrer les ambitions chinoises dans le Sud-Ouest du Pacifique et celles de la Russie en Europe. Les deux rivaux des USA en profiteront pour prendre le dessus dans la course aux armements.
Attendons de voir ce que l’avenir réserve à notre monde !
