CERTAINS AFRICAINS NAÏFS ENTRETIENNENT L’ILLUSION QUE LA FRANCE ŒUVRERA VOLONTAIREMENT POUR LE RETOUR DE LA PAIX AU SAHEL. MAIS LA PLUPART DES CHEFS D’ÉTAT AFRICAINS SONT CONSCIENTS QU’IL N’Y A JAMAIS EU, QU’IL N’Y A PAS ET QU’IL N’Y AURA JAMAIS UNE COLLISION DES INTÉRÊTS ENTRE LES AFRICAINS ET LA FRANCE. L’INTÉRÊT DE LA FRANCE EN AFRIQUE A ÉTÉ, DEMEURE ET DEMEURA D’AVOIR UNE MAINMISE SUR LES ÉTATS AFRICAINS ET LEURS RESSOURCES. OR, CELA NE SAURAIT ÊTRE LE CAS, SI CES ÉTATS AFRICAINS ÉTAIENT FORTS ÉCONOMIQUEMENT ET DONC POLITIQUEMENT. SEMER LE CHAOS ET LE CONFLIT OU TOUT AU MOINS LE LAISSER PERDURER EST L’UN DES MOYENS QU’UTILISENT LES PUISSANCES POUR MAINTENIR LEUR MAINMISE SUR CE QU’ELLES PERÇOIVENT À TORT OU À RAISON COMME LEUR ZONE D’INFLUENCE. CE SONT LES AFRICAINS QUI DOIVENT RAMENER LA PAIX DANS LE SAHEL.
La France ne peut sincèrement pas donc assurer la sécurité de pays tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger contre la menace djihadiste. D’ailleurs, ce sont la France et ses alliés de l’OTAN qui, en voulant renverser Mouammar KADHAFI en 2011, ont laissé croire aux tribus du Sahel qu’en contrepartie de leur trahison vis-à-vis du guide libyen, ils pourraient voir concrétiser leurs rêves sécessionnistes séculaires au Sahel. Ces tribus devraient abandonner KADHAFI à son sort. Dès lors, il est maintenant incompréhensible que les Africains veuillent, malgré cela, s’aligner à la France pour lutter contre les djihadistes dont la plupart des membres viennent de ces tribus du désert.
L’année qui a suivi la chute de KADHAFI, le conflit civil malien a éclaté et les Touareg forts de leur accord tacite avec les Occidentaux ont proclamé la sécession de l’Azawad. Ce qui a motivé la France à intervenir au Mali n’est nullement la protection de l’État laïque, républicain et démocratique malien contre une menace islamiste théocratique. La France a cru devoir envoyer des troupes au Sahel en janvier 2013 pour mettre à l’abri ses exploitations minières dans la région notamment au Niger. Dans ce contexte, se sentant obligée de respecter l’accord tacite qui la lie avec ces tribus du désert, la France s’est contentée de repousser les djihadistes dans le Nord mais les laisse continuer de menacer la sécurité du Mali et de toute la région. Les Chefs d’États africains le savent mais ont peur de s’opposer à l’hégémonie française. Pourtant, pour vaincre la menace terroriste, les Africains doivent prendre un certain nombre d’initiatives :
- Exiger le retrait de la France du théâtre du Sahel à cause de son passé colonial et néocolonial ;
- Mutualiser la mobilisation des ressources en faveur de la lutte contre le terrorisme. En cela, l’initiative de l’UEMOA dans laquelle s’est fortement impliqué le Président Patrice TALON et qui a abouti à un projet de financement à hauteur 5 millions de dollars de la lutte contre le terrorisme est salutaire ;
- Rechercher la coopération internationale avec des États qui n’ont pas un passé colonial en Afrique. Pour mener une guerre de cette envergure au vingt-unième siècle, il faut des moyens technologiques dont la surveillance par satellite et par drones, des avions de chasse, des hélicoptères… L’Afrique peut avoir recours au partenariat avec les Russes ou les Chinois qui n’ont pas avec l’Afrique un passé colonial. Les Russes ont acquis une expérience formidable dans leur expédition en Syrie qui fait d’eux des alliés efficaces dans cette guerre. La technologie militaire russe s’est révélée déterminante dans l’évolution du conflit syrien et est moins coûteuse. De plus, la Russie de POUTINE, contrairement à la Chine qui est réticente à intervenir hors de ses frontières, paraît plus disposée à contrecarrer l’hégémonie occidentale ;
- Les Africains doivent prendre conscience, s’unir et mobiliser des troupes africaines. Chaque pays de l’Afrique de l’Ouest devra mettre à disposition des troupes. Tel sera le prix à payer !