18 octobre, 2024
La monnaie européenne atteint son plus bas niveau depuis vingt ans

Ce n’est pas un travail prodigieux de Monsieur Vladimir Poutine même s’il est bien connu pour être un habile joueur d’échecs et un maître de judo capable d’utiliser contre ses adversaires leurs propres forces. Mais au lieu de cela, c’est l’œuvre géniale de la grande stratégie des géo-stratagèmes occidentaux qui croient que grâce à la guerre économique et militaire, ils pourront à nouveau maintenir leur domination sur le reste du monde pour les siècles à venir.

Il y a plus de 30 ans, le dernier chef d’État soviétique, Michel Gorbatchev, permettait l’éclatement de la superpuissance communiste, éclatement qu’il considérait comme un moindre mal. En tant qu’idéaliste, il ne pouvait pas prévoir que l’Occident, qu’il pensait être suffisamment digne de confiance pour se montrer fidèle à ses soi-disant valeurs éthiques supérieure, ne tiendrait pas ses promesses. Michael Gorbatchev et beaucoup rêvaient qu’après la chute de l’Union soviétique, les hommes connaîtraient une meilleure fortune que celle d’une planète déchirée par des luttes géopolitiques permanentes opposant deux grands blocs qui semblaient croire que la voie de l’avenir était soit celle du collectivisme communiste ou celle du capitalisme libéral. Le monde serait en paix parce que l’Europe, d’où ont commencé les deux guerres mondiales les plus meurtrières, était censée connaître une période de paix durable. Une Europe unie de Gibraltar à Vladivostok et l’unique et restante superpuissance que sont les Etats-Unis d’Amérique, côte à côte, guideraient le monde entier vers un avenir plus prospère.

Mais jamais dans l’histoire de l’humanité, les hommes ne s’étaient autant trompés ! Dès le jour où l’Union soviétique s’est effondrée, l’Occident libéral n’a pas attendu une seconde pour commencer à profiter de la disparition du bloc communiste. Les promesses faites à l’Union soviétique concernant la construction d’une Europe unie et le non-élargissement de l’alliance de l’OTAN n’étaient jamais destinées à être ni sincères ni sérieuses. Les États-Unis et leurs alliés pensaient avoir gagné la guerre froide et devaient profiter d’un siècle sans fin d’hégémonie américaine.

Voulant ainsi maintenir cette hégémonie après l’effondrement de l’Union soviétique, les États-Unis se sont lancés dans des aventures militaires successives : guerre du Golfe (1990-1991), zone d’interdiction de vol en Irak (1991-2003), première intervention américaine dans la guerre civile somalienne (1992-1995), guerre de Bosnie et Guerre de Croatie (1992–1995), intervention en Haïti (1994–1995), guerre du Kosovo (1998–1999), guerre en Afghanistan (2001–2021), intervention américaine au Yémen (2002–présent), guerre en Irak (2003–2011 ), intervention américaine dans la guerre au nord-ouest du Pakistan (2004-2018), deuxième intervention américaine dans la guerre civile somalienne (2007-présent), opération Ocean Shield (2009-2016), intervention internationale en Libye (2011). Le monde est sorti d’une période de paix relative entre deux blocs opposés pour entrer dans une zone de guerres hégémoniques perpétuelles. Ce n’était qu’une question de temps pour qu’une confrontation directe se produise entre les grandes puissances.

Cependant, la partie la plus dangereuse de l’histoire est que les citoyens ordinaires en Occident et ailleurs dans le monde non occidental restent pris dans ce piège de d’illusion en croyant que ces guerres sont menées dans le but de rendre le monde meilleur.

Aujourd’hui, beaucoup continuent de croire encore que la guerre en Ukraine est entièrement la faute de Vladimir Poutine et que l’Occident généreusement aide l’Ukraine à résister à une agression injustifiée. Mais si l’on aime se leurrer par des mensonges et par une propagande cynique, on finit par perdre la capacité de percevoir la réalité telle qu’elle est. La principale raison pour laquelle il y a une guerre en Ukraine est la montée de la Chine que les États-Unis d’Amérique et leurs alliés occidentaux considèrent comme un dommage collatéral de la guerre froide qu’ils doivent défaire. À la fin des années 70, pour diviser davantage le bloc communiste hanté par la rivalité entre la Chine et l’Union soviétique, les États-Unis d’Amérique ont signé avec la Chine des accords commerciaux favorables qui lui ont permis d’accélérer son développement économique grâce au transfert de technologie. Maintenant, la Chine est devenue une concurrente des États-Unis et cela doit être défait pour préserver la domination occidentale sur le monde.

C’est pourquoi, après une série de conflits de l’après-guerre froide qui se sont révélés être des entreprises infructueuses dans la tentative occidentale de maintenir sa domination, l’Occident cherche à provoquer une confrontation plus directe à la fois avec la Chine montante et la Russie renaissante. Le premier coup de feu de cette confrontation est la guerre en Ukraine car le pays de Vladimir Poutine pense que si l’Ukraine rejoignait l’OTAN, Moscou serait à quelques minutes des missiles occidentaux. Cependant, la confrontation pourrait s’étendre au-delà de l’Ukraine. Taïwan et l’Iran sont d’autres points chauds où un conflit pourrait éclater entre l’Occident et l’Orient.

Sur le plan économique, les sanctions, qui visaient à détruire l’économie russe et à provoquer le renversement de Vladimir Poutine, font plus de dégâts en Occident où une crise économique majeure se profile. Le dollar américain et la monnaie européenne ont atteint leur plus bas niveau depuis des décennies. L’inflation est élevée dans toutes les économies occidentales, avec des retombées politiques telles que la démission du Premier ministre britannique Boris Johnson ou la récente débâcle législative subie par le président Emmanuel Macron.

Sur le front militaire, la chute de l’agglomération de Lysychansk – Severedonest a placé sous le contrôle total des Russes la région de Lougansk. De nombreux soldats ukrainiens sont coupés de leurs lignes et doivent se rendre. Jusqu’à présent, les soutiens massifs financiers, logistiques, diplomatiques et en renseignement de l’Occident à l’Ukraine ont largement échoué à changer la dynamique sur le terrain. De plus, cette dynamique ne devrait pas changer. La Russie a confirmé sa capacité à mener des campagnes militaires complexes dans une guerre d’usure.

Si cela continue, l’Occident ne gagnera pas cette Seconde Guerre froide. Cependant, en attendant, l’élite occidentale peut continuer à se leurrer avec de fausses nouvelles sur les victoires ukrainiennes. En s’appuyant sur de faux renseignements ou sur des reportages médiatiques destinés à contrôler l’opinion publique et à maintenir sa position favorable à la guerre, l’élite occidentale a perdu la capacité de faire la différence entre la réalité et les rêves. Le danger pour les Occidentaux qui s’obstinent à ne pas trouver de solution diplomatique à cette guerre est que non seulement les Occidentaux pourraient perdre la guerre sur les fronts militaire et économique, mais qu’ils désindustrialiseraient également leurs pays par une récession chronique et une baisse du niveau de vie causée par l’augmentation des prix des produits alimentaire et énergétiques.

Ce n’est pas de la sagesse géopolitique mais de la folie géopolitique. Personne ne gagne des guerres en se tirant une balle dans la tête.

Auteur de l'article :


Alfred Cossi CHODATON
alf2chod@gmail.com Diplômé en sciences et technologies de l'information documentaire, il est un écrivain et analyste indépendant.

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