5 décembre, 2024
D’où proviennent les hommes les plus riches d’Afrique?

Le classement des hommes les plus riches en 2023 du continent africain est désormais disponible, dans un contexte économique d’inflation généralisée, d’une reprise résiliente post-COVID des économies du continent et en pleine opération spéciale de la Russie en Ukraine. 19 hommes ont été désignés les plus fortunés sur le continent, venus de différents pays et actifs dans divers secteurs économiques tous issus de pays anglophones, arabophones ou presque, avec quelques français investissant en écran-radars en Afrique sub-saharienne. Aucun citoyen francophone n’y figure, laissant libre court à ses incessantes interrogations sur les causes de cette absence criarde observée depuis longtemps et les disparités entre les nations francophones et de anglophones d’Afrique. Pourquoi de super-riches n’émergent-ils pas dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ? Quels facteurs expliquent une telle disparité ?

L’Afrique Francophone et anglophone : deux faces de la même pièce

Les activités de revenus étant générées dans deux espaces différents, il convient de considérer les facteurs de dynamisme présents impactant ou favorisant l’émergence.

Les politiques économiques et monétaires mises en œuvre

La politique économique et monétaire de ces États est un élément clé. Les pays anglophones ont une meilleure intégration régionale malgré les différences de devises, coordonnent et réalisent des mesures de libre échange communes. Cela anéantit les nombreuses difficultés liées aux barrières douanières. Ils possèdent aussi leurs propres monnaies et en sont souverains.

Tout l’inverse des pays francophones notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest et du Centre où les rackets douaniers aux différentes frontières sont toujours d’actualité. Cela rend difficile la circulation des biens et des personnes au sein de l’UEMOA ou la CEMAC, principales organisations sous régionales francophones. Aussi, ils sont majoritairement tributaires du F CFA, une monnaie coloniale aux mains de la France qui l’utilise en pièce maîtresse dans la gestion et le contrôle de ses ex-colonies, semi-souveraines et manipulées.

Abondance de ressources naturelles dans les zones anglophones

Par ailleurs, les pays de culture anglophone disposent majoritairement de ressources naturelles en grande quantité. Le Nigéria est le plus grand producteur de pétrole et de gaz en Afrique, le Ghana en produit de l’or, la Namibie la bauxite et l’Afrique du Sud le diamant. Ces différentes ressources constituent une mine intarissable de revenus pour ces États ainsi que des secteurs d’investissement pour leurs citoyens fortunés.

À l’opposé, seuls quelques rares pays francophones disposent sérieusement et en quantité extrême de ressources naturelles à l’exception de la RDC. Si elles y sont, elles sont souvent mal gérées par les gouvernants qui s’éternisent au pouvoir, en profitent au même titre que l’Élysée qui les manipulent. Ce qui occasionne souvent des instabilités politiques sous forme de guerres civiles, de coups d’États et sanglantes luttes de pouvoir. À noter aussi, la recrudescence du terrorisme djihadiste pratiqué par de nombreux groupes (l’EI, GSIM etc) alimenté secrètement par les puissances coloniales afin de gouverner la région. Les guerres civiles de 2010 et de 2011 en Côte d’Ivoire, les différents putschs au Mali et en RCA (2013), les guérillas des rebelles M23 en RDC témoignent aisément d’une instabilité chronique dans ces pays. Il est ainsi difficile de trouver une émergence d’une élite dans un tel climat, où se succèdent des actes terroristes quotidiennement.

Les infrastructures

Les infrastructures pèsent dans la balance. Les anglophones domptent leur urbanisation à fort coût d’infrastructures. Le Nigéria dispose par exemple d’une ligne TGV depuis 2016 à un coût énorme de 480 Milliards de FCFA. À l’instar du Ghana (2017) et du Nigéria (2011), le Kenya, un autre pays anglophone s’apprête à lancer son premier satellite le 10 Avril prochain, rendant ainsi le secteur de la télécommunication plus prospère sur son territoire. Quant à la Namibie, elle dispose de la meilleure infrastructure routière du continent. Tout ceci favorise l’implantation des industries et des niches d’affaires. Les débouchés sont exportés facilement grâce aux grands ports compétitifs dont ils disposent.

Les frenchies sont à la traîne. Les corridors sont en partie dégradés, le transport ferroviaire à l’arrêt ou presque dans de nombreux pays, la communication est chère (7 fois chère au Benin qu’au Ghana), l’électricité instable. Seule la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont fait des progrès dans ce domaine. Le Bénin arrive peu à peu depuis 2016, à réhabiliter ses voies terrestres.

Une différence d’éducation

L’éducation aussi est à mettre en évidence. Pendant que le système éducatif francophone est quasi vide de sens et beaucoup plus technocrate, celui des anglophones est axé sur la créativité, la technique et une culture d’entreprise. On apprend dès le bas-âge à entreprendre, à risquer, à travailler ensemble, à promouvoir l’entrepreneuriat. L’Ouganda enregistre le meilleur taux de création d’entreprise à 28,1% de sa population (en totalité 1/4 d’entrepreneurs). Jacques Manlay, cité par Bpifrance qualifie les ressortissants de ces pays d’« entrepreneurs enthousiastes » et ajoute qu’ « on peut démarrer assez vite » dans le business dans ces milieux. Ils sont dotés d’une administration objective, simplifiée et axée sur résultats.

En outre, l’emploi de la langue anglaise leur ouvre les portes de la mondialisation et du Hi Tech. Pas étonnant que dès 2008 que le Rwanda a abandonné le Français au profit de l’Anglais, il ait enregistré une croissance de 11,2%.

Il ressort donc un fort contraste entre ces deux zones en Afrique. Les pays anglophones favorisent l’émergence des investissements, de la création d’emplois et de richesse. Le climat est plus favorable que les États francophones où la richesse est assimilée au pouvoir d’État et les investissements quasi impossibles. Une remise en question s’impose, quant au rôle de la France et ses acolytes occidentaux en sol africain, devant l’enthousiasme des peuples vis à vis d’une Russie en vogue d’explorateur et partenaire fiable. La Russie est-elle réellement un sauveur pour les Africains ?

Auteur de l'article :


Gérard KOUDADJE
gerardrid01@gmail.com Idéaliste passionné d'écriture, d'émergence, panafricaniste dans l'âme et de réveil de la conscience de la jeunesse africaine.

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