8 septembre, 2024
<strong>Le Bénin choisit-il le mauvais côté de l’histoire?</strong>

La République du Bénin évolue à contre-courant. Cette semaine a été marquée par l’expansion des BRICS. Aux Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud qui dépassent de loin les pays de G7 sur la base des données macroéconomiques, viennent s’ajouter l’Argentine, l’Arabie Saoudite, l’Égypte, les Emirats Arabes Unis, l’Éthiopie et l’Iran.

L’Objectif principal de ces pays est de mettre en place un système financier et monétaire alternatif au système financier et monétaire dominé par le dollar et hérité de la guerre froide, de la colonisation et de l’esclavage. Le système financier et monétaire international dominé par le dollar américain est abusivement utilisé par les Occidentaux pour sanctionner les autres pays soit pour des raisons politiques soit pour des raisons de protectionnisme économique. La prise de façon unilatérale de sanctions économiques contre d’autres pays sans aucune résolution onusienne qui l’autorise est un acte d’agression prohibé par la charte des Nations-Unies.

Pour sortir de ce système financier et monétaire international inique, les BRICS ont formé une association afin de renforcer entre eux les échanges commerciaux en  monnaies locales, créer une banque internationale de développement et promouvoir la coopération entre pays émergents.

À la suite de l’expansion des BRICS, lors de leur quinzième sommet appelé Johannesburg 2, ils représenteront 37% de la part du PIB mondial, 46% de la population mondiale, 44,35% des réserves mondiales en pétrole et 48,5 millions de kilomètres carrés, soit 36% de la superficie mondiale. 

Ils constituent plus du double du G7. Les dirigeants des BRICS ont chargé les ministères des finances et les banques centrales de leurs pays de lancer des instruments de paiement basés sur les monnaies nationales.

Toutefois, l’élite politique béninoise sous le Président Patrice Talon mise plutôt sur une relation privilégiée avec la France. Ainsi le porte-parole du gouvernement béninois reprend à son compte les accusations occidentales d’activités malignes de la part de la Russie laquelle, par sa propagande, serait à l’origine des coups d’État en Afrique de l’Ouest.

Pendant que la majorité des Africains francophones pensent à conquérir leur véritable souveraineté économique en luttant contre les ingérences françaises, les bases militaires françaises, l’exploitation abusive de la France des ressources naturelles, les interventions militaires françaises, le Franc CFA et tout ce qui symbolise l’hégémonie française en Afrique, le Président Talon prend le parti de la France dans le dossier du coup d’État au Niger soutenant une intervention militaire contre ce pays frère.

Tout ceci se passe malgré le fait que le Président Patrice Talon avait promis durant la campagne ayant précédé les élections présidentielles de 2016 une politique étrangère souveraine et indépendante de la France.

Apparemment au Bénin, on continue de faire une mauvaise lecture des rapports de force dans notre monde. Avec l’expansion des BRICS et la guerre en Ukraine qui ne peut pas se terminer par une victoire occidentale, il est illusoire de continuer à croire que le monde demeurera unipolaire et que les États-Unis d’Amérique continueront de faire tout ce qui veulent comme ils veulent.

Si le Bénin – le pays de Behanzin, des Amazones, de Bio Guera, de Kaba, de Mathieu Kérékou qui ont lutté parfois au prix de leurs vies contre la domination étrangère, continue à suivre la Côte d’Ivoire dans sa frénétique francophilie et son atlantisme aveugle au mépris de la réalité des rapports économiques dans le monde, le Bénin sera dans le rang des pays perdants dans le monde multipolaire qui vient.

Auteur de l'article :


Alfred Cossi CHODATON
alf2chod@gmail.com Diplômé en sciences et technologies de l'information documentaire, il est un écrivain et analyste indépendant.

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